Souhaitez-vous devenir professeur des écoles ? Rêve d’enfant ou métier comme un autre, les avis divergent. Le master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation) est souvent présenté comme la voie « royale » pour concrétiser cette aspiration. Mais qu’en est-il vraiment ? En regardant les avis sur internet, vous aurez pu constater que le MEEF a une abominable réputation et… elle est méritée !
Dans cet article, je vous invite à plonger dans mon expérience personnelle au cœur du MEEF 1er degré. Je pense qu’il y aura des similitudes avec le MEEF second degré, si c’est votre voie.
DISCLAIMER : je ne partage ici que mon avis perso ! Ce n’est que mon ressenti, par rapport à mon vécu. Je vois le Master MEEF comme la pire expérience de mon cursus (collège, lycée, fac de lettres & inspé) donc forcément je ne serai pas objectif. Par politesse, je vous préviens qu’il va y avoir des coups de poing distribués dans cet article, merci de prendre votre bouclier pour ne pas être blessé en cours de route. Je tenterai quand même de citer ses points forts et les quelques débouchés possibles (en me forçant).
Vous vous préparez à entrer dans cette formation ? Si cet article ne vous décourage pas, quelques conseils pour préparer le test d’entrée, pour le 1er degré : https://bureaudesprofs.com/test-entree-master-meef-1er-degre
La réponse courte : le Master MEEF n’a de master que le nom !
Ah, le master MEEF premier degré ! Tellement de choses non politiquement correctes sont disponibles sur les réseaux sociaux à son sujet. Deux années de votre vie (oui, DEUX LONGUES ANNÉES) où vous vous demanderez régulièrement si vous n’êtes pas considéré comme un enfant ou un clown par vos formateurs.
Vous pensiez entrer dans une formation de niveau master ? Que nenni ! Préparez-vous à vivre le marathon du concours dans les pires conditions. Fini le temps où, dans votre licence ou formation bac+3, vous vous sentiez intellectuellement stimulé. Ici, on apprend à utiliser Google, taper en rythme dans les mains et à ne pas dépasser quand on colorie ! (ironique, mais ces trois situations ont vraiment été vécues lol). La seule stimulation intellectuelle, ce sont les stages qui servent à se construire une expérience du métier en contact avec des pro du terrain. Vraiment, c’est tout. Le reste, c’est du C/coller des manuels avec des anecdotes par dessus.
Et le meilleur dans tout ça ? Ce master ne vous garantit même pas un emploi à la sortie ! Oh non, ce serait trop beau dans un pays top 10 des économies mondiales. Il faut passer un concours (CRPE) pour devenir professeur des écoles. Et encore, si l’on est bien préparé sur le plan des connaissances du terrain, le reste est questionnable.
La réponse longue : toujours NON, le Master MEEF n’ouvre pas de portes…
Devenir professeur des écoles SANS master MEEF c’est possible : https://bureaudesprofs.com/crpe-sans-master-meef
Vous pensiez que j’allais changer d’avis ? Désolé de vous décevoir, mais c’est toujours un grand NON, et cette fois-ci avec encore plus d’arguments ! Le Master MEEF vaut rien, dans tous les sens du terme. Quelle malédiction dans ce bas monde que de le connaître (bon j’avoue que j’y vais un peu fort).
Tout d’abord, parlons alternatives. Vous savez, ces choses merveilleuses qui existent en dehors du MEEF ? Eh oui, il paraît qu’on peut obtenir un BAC+5 utile sans passer par la case « MEEF ». Un master recherche, par exemple, vous donnera non seulement un diplôme respectable, mais aussi des plans B en cas d’échec au concours. Imaginez deux secondes : « Désolé, je n’ai pas réussi à devenir prof, je vais devoir utiliser mon BAC+5 pour faire autre chose ou repasser le concours plus tard ». Quelle tragédie ! La possibilité laissée de faire un métier différent ! Oh, grâce ! Des plans B !
Maintenant, abordons le contenu des cours en INSPÉ. Selon mes calculs ultra-scientifiques (comprenez : c’est sorti de mon chapeau), 95% des cours sont un copier-coller de manuels et de ressources en ligne. Les EMF (maîtres formateurs) sont aléatoires : certaines sont pédagogues, ont de la patience et transmettent des choses utiles. D’autres sont là pour vous saquer, faire de la figuration (dire 4 mots sur 3h en binôme avec une autre EMF) et vont vous demander de la paperasse inutile pendant vos stages (quinzaine de pages pour un cahier-journal, record perso j’attends la championne ou le champion qui viendra me défier). Les formateurs universitaires ont quelques défauts récurrents (lecture de diapositives, adoration des travaux de groupe, dossiers à rédiger comme si le concours ne devait pas être révisé, par exemple). Mais dans mon Inspé, les formateurs étaient vraiment cools et accessibles. On parle d’humains, donc ça varie forcément.
Et pour finir en beauté, parlons un peu du gouvernement. Depuis des années, les ministres jonglent avec l’idée de ramener la formation des profs à un BAC+3 (actuellement BAC+5 et +6 si on compte l’année de stage). En attendant, ceux qui ont fait un MEEF se retrouvent avec un diplôme aussi utile qu’un parapluie en plein Sahara. Félicitations, vous êtes l’heureux propriétaire d’un diplôme en voie de disparition ! Génial, j’aime rire.
Vous pensez que les avis négatifs sur le net, dont le mien, sont une mascarade pour vous empêcher d’accéder à votre rêve et au métier le plus prisé du monde ? Que l’on est de gros rageux en manque de vitamine B12 ? Le gouvernement lui même note une diminution drastique des effectifs inscrits en INSPÉ et ce n’est pas pour rien : https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/baisse-des-effectifs-en-inspe-en-2022-2023-91193
Alors, toujours tenté par le MEEF ? Voyons quelques points positifs et débouchés possibles.
Points positifs du Master MEEF premier degré (pas nombreux)
Vous préparez le CRPE ? Dates importantes à marquer dans son calendrier : https://bureaudesprofs.com/dates-importantes-inscription-crpe + Lisez la F.A.Q (foire aux questions) dédiée au concours : https://bureaudesprofs.com/faq-au-sujet-du-crpe
Pour nos lecteurs souhaitant une synthèse des points positifs du Master MEEF premier degré, d’après un diplômé de cette formation, les voici (attention, ça se bouscule au portillon) :
– Les STAGES sont incroyables (les meilleurs moments) et donnent l’occasion de gagner des sous (900€ en tant que contractuel-alternant, 120€ en tant que stagiaire sans responsabilité) et de l’expérience pour le concours
– On apprend les principales compétences de l’enseignement avec des exemples vécus par NOUS-même en stage et par les formateurs, ce qui est un vrai plus. On a étudié les gestes pro et on a fait des simulations : le fun à l’état pur (et c’était utile !)
– Meilleure compréhension du « langage des profs » (abréviations, rôle, duo avec l’AESH / ATSEM…)
– Bonne alternance entre savoirs disciplinaires et didactiques (même si la dida était par moment faible, c’est à dire que des BOUQUINS avaient le même contenu, le manque à gagner était terrible).
– Donne accès au niveau BAC+5 (heureusement !)
– A la fin de la formation, on peut se dire expert débutant (ptite oxymore) en enseignement, prêt pour le stage
– Les EXAMENS blancs sont le POINT FORT de ce master meef : si je dois en retenir qu’un, ce serait celui-ci. Surtout les simulations d’oraux ! Avoir un jury de plusieurs personnes face à soi c’est vraiment génial pour se préparer mentalement au CRPE et avoir un aperçu de ce que l’on vaut vraiment en situation de stress (épreuve de leçon notamment).
– La cantine était peu chère avec la carte étudiante et pas trop dégueu (oui j’ai plus rien à ajouter)
Points négatifs : fatigue, surcharge du travail, stress, manque de préparation au CRPE…
Attention, vérité générale en vue capitaine : Même inscrit dans le Master MEEF, vous devez travailler de votre côté (programme de révisions) pour réussir le concours. Je vous conseille alors de lire notre papier sur la préparation en autonomie du CRPE (ne dépendez pas uniquement de votre formation) : https://bureaudesprofs.com/preparer-le-crpe-seul-en-autodidacte
– L’infantilisation permanente, la sensation de ne pas être en étude supérieure, le “brain fog” constant
– Manque de garantie d’emploi : sans concours = sans débouchés réelles et « bien payées »
– Contenu limité : les cours sont dans les manuels et sur le net pour qui sait chercher.
– Surcharge de travail : POINT NÉGATIF NUMÉRO UN pour moi. Il y a des dossiers dans tous les sens, des exposés par-ci, des travaux de groupe par-là, une pression énorme à gérer. Beaucoup de témoignages sur le net, je rajoute le mien : l’emploi du temps est fait pour alterner stages et cours. Or, les stages doivent être préparés ! Donc on se retrouve à faire un nombre d’heures terriblement élevé chaque semaine pour suivre les cours, aller aux stages, écrire la suite du mémoire (et faire des recherches), préparer les examens du semestre et bien sûr… réviser le CRPE… Quid de notre vie personnelle ? On résume nos jours à penser uniquement à ces travaux et la santé (physique, mentale) est délaissée. Quelle catastrophe que de former dans de telles conditions les enseignants de demain.
– Formation peu valorisée : très peu prestigieuse, inutile sur le marché du travail.
– L’emploi du temps aléatoire ou mal fait : des changements d’horaires de la veille pour le lendemain, des trous de plusieurs heures…
– Maquette de formation questionnable : certains cours, on se demande vraiment ce que l’on fait là ! Pourquoi travailler sur la réunion de rentrée en mars alors que nos stages ont débuté en septembre ? Pourquoi l’anglais travaillé est en niveau A2 alors que l’attendu du CRPE est un niveau B2 (certes on s’adapte à l’école primaire pour la didactique, mais je parle ici du disciplinaire, qui était inexistant pendant mes deux années) ?
– Des intervenants non coordonnés qui passent leur temps à répéter et répéter des éléments déjà entendus précédemment : génial ! Quelle perte de temps terrible pour le concours.
– Incertitude sur l’avenir du diplôme : Avec des réformes en cours et des discussions sur la réduction de la formation à un BAC+3, le master MEEF pourrait devenir obsolète.
– Finalement, on aurait pu avoir + d’entraînements aux ORAUX du concours. Quand je retrace mes deux années de formation… j’ai vraiment l’impression que j’aurais pu faire BEAUCOUP plus en solo sans avoir à perdre mon temps. Beaucoup de cours auraient pu être supprimés au profit d’autres qui étaient bien + utiles. Je me souviens encore 2 mois avant le concours d’avoir eu l’impression de ne rien savoir…. (qui était qu’une impression : le master ne rassure pas du tout sur ce plan, il tend même à vous dévaloriser par moment lorsqu’on vous demande de tout faire en même temps. C’est impossible de tout BIEN faire !!!!!!).
– Le MEEF vous demande de choisir vos priorités : séchez un cours, révisez le concours, travailler le prochain dossier / exposé dans X matière, travailler votre mémoire de recherche, préparer vos stages…
– Dans mon Inspé : AUCUNE, je dis bien AUCUNE, préparation sérieuse à l’épreuve de langue vivante (niveau B2 ! donc j’ai du compter sur mon talent naturel pour choper 2 points bonus, je me demande encore comment j’ai fait)
Débouchés du Master MEEF : Que faire avec ce diplôme ?
- Passer le concours pour devenir prof des écoles (CRPE)
- Re-passer le même concours si on l’a raté (pourquoi pas un service civique en attendant ou un petit job ?)
- Sans le concours : enseignant contractuel / enseignant vacataire
- remplaçant dans une école privée
- AED / assistant d’éducation
- AVS / auxiliaire de vie scolaire
- Travailler dans le secteur de la pédagogie (expert, coordinateur…)
- Enseigner au CNED (enseignement à distance), au GRETA, dans les écoles Montessori / Freinet…
- Monde de l’animation : éducateur, animateur en centre de loisirs…
- Faire de l’aide aux devoirs, travailler dans un centre culturel…
- Serveur, caissier MacDo, employé non qualifié…
- Ecrivain : écrire le prochain Harry Potter et devenir riche en achetant ma formation disponible ici
- Les débouchés de votre BAC + 3 (licence, BTS+licence pro, …)
Conclusion
Décidé(e) à faire ce master quoi qu’il en coûte ? Vous êtes courageux ! Voici un papier sur l’emploi du temps en Master MEEF : https://bureaudesprofs.com/emploi-du-temps-en-master-meef-premier-degre et un autre papier sur la préparation de la rentrée : https://bureaudesprofs.com/bien-preparer-sa-rentree-en-master-meef-premier-degre
Y’a pire dans la vie. Si vous voulez faire prof et que faire prof, votre unique but c’est de choper le concours et de réussir à obtenir des stages, le MEEF est fait pour vous. Sinon, si vous aimez la vie et sourire, trouvez autre chose! Aussi, retenez que je vous donne ici mon avis perso sur mes deux années de Master MEEF : ailleurs ça peut être différent et mieux vécu ! J’ai entendu de bons retours sur certains Inspé mais ils semblent assez rares quand on les cherche sur la toile (essayez !)… Vous gagnerez à chercher tout moyen d’éviter le Master MEEF quand on regarde la tendance générale des avis. Faire de la recherche est déjà plus intéressant d’un point de vue professionnel. Le fait que le diplôme ait beaucoup de points négatifs n’enlève rien à ses qualités principales (examens blancs, simulation d’oraux et les stages sont géniaux pour avoir un sentiment de légitimité lorsqu’on se présenter devant le jury des oraux).
Je ne peux, à la fin de cet article, que vous recommander chaudement ce papier du Café pédagogique qui retrace les difficultés rencontrées par plusieurs étudiants du MEEF (avec des témoignages) : https://cafepedagogique.net/2023/02/07/master-meef-souffrance-des-etudiants/